Découverte majeure à Herstal : une église et des sarcophages sous la place Licourt. Les traces du palais de Charlemagne ?
La montée au pouvoir de la dynastie des Pippinides jusqu’au règne des carolingienne, dans le courant du 8e siècle est un fait majeur de l’histoire européenne. À l’époque, la cour est itinérante et voyage entre Seine et Rhin au gré des différents domaines royaux. Herstal est l’un deux. La localité apparait dans les textes en 723, dans un diplôme de Charles Martel. Entre 770 et 784, Herstal est la résidence de prédilection de Charlemagne qui a pris l’habitude d’y passer l’hiver et y signe en 779 un texte législatif célèbre, connu sous le nom de « capitulaire de Herstal ».
Les historiens ont situé le Palais de Charlemagne à Herstal, sous la place Licourt, mais les archéologues n’avaient jusqu’à présent jamais pu prouver cette hypothèse. Les travaux d’extension du tram dans cette direction représentaient donc une opportunité unique d’éclairer cette question. Désormais, nous en avons la preuve.
Depuis février 2024, une équipe d’archéologues de l’Agence wallonne du Patrimoine étudie le sous-sol de la place Licourt. En juillet dernier, ceux-ci ont fait une grande découverte : ils ont trouvé, au cœur de la place, les fondations d’une église auxquelles sont associées de nombreuses tombes, dont des sarcophages en calcaire.
Ces sépultures, en lien avec un oratoire chrétien, sont typiques des 7e et 8e siècles et constituent un marqueur social de haut rang. La présence de nombreuses tombes d’enfants permet d’affirmer qu’une communauté vivait en ces lieux et qu’il ne s’agissait donc pas uniquement d’activités monastiques.
Des datations radiocarbones ont permis de prouver que les défunts inhumés dans les sarcophages l’ont été dans une période comprise entre les années 650 et 780 après J-C.
Les chercheurs interprètent ces sarcophages comme appartenant à une élite aux origines de la dynastie carolingienne et que l’Eglise actuelle de la place et celle qui a été découverte font partie du complexe palatial de Charlemagne.
Le potentiel que recèle le sous-sol de la place Licourt n’est pas épuisé. Fin janvier 2025, plus de 40 tombes avaient été fouillées. Certaines parties du site restent à explorer : « On est très loin d’avoir tout découvert car nous n’avons pas la limite sud du complexe. Maintenant, on espère comprendre plus finement les informations extraites du sol », explique l’archéologue en charge du site (AWaP), Sophie de Bernardy.
Une fois les fouilles terminées, les squelettes sont démontés, méticuleusement lavés, nettoyés et séchés afin d’être étudiés par une anthropologue de l’Institut des sciences naturelles de Bruxelles (ISN) pour récolter des données sur l’âge, le sexe, l’état sanitaire, le type d’activité exercée par le défunt. Après l’étude, un lieu devra être déterminé à Herstal afin de réinhumer tous les squelettes découverts.
Photo © AWaP
Retour à la liste des news