Des objets en or découverts sur le site « Bois du Grand Bon Dieu »
Afin d’enrayer les problèmes de pillage dont faisait l’objet depuis plusieurs décennies le site archéologique du « Bois du Grand Bon Dieu » à Thuin, l’Université libre de Bruxelles, en collaboration avec l’Agence wallonne du Patrimoine (AWaP-SPW) et la Ville de Thuin, a mis sur pied un programme de recherche dévolu à cette fortification celtique de renommée internationale. Depuis 2018, des actions de sensibilisation au patrimoine, de valorisation du site et des fouilles archéologiques sont menées par les équipes de l’ULB.
Si des découvertes spectaculaires avaient déjà été réalisées auparavant, ce que l’ULB vient de mettre au jour est tout simplement unique à l’échelle nationale : des dizaines d’objets en or et bronze retrouvés isolés ou groupés dans le sous-sol de cet oppidum gaulois ! Jamais un site de cette époque n’a livré autant de mobilier prestigieux en Belgique : monnaies, bijoux, armes, pièces de char, céramiques ont été enterrés en guise de « dépôts » dans la seconde moitié du 1er avant J.-C. Alors que l’on pensait que les peuples gaulois avaient été décimés par la Guerre des Gaules, les découvertes illustrent une société encore bien structurée après le passage de César. Si cet oppidum n’a pas livré de traces d’habitat, ces dépôts prestigieux peuvent être mis en relation avec des fêtes religieuses et communautaires exercées par les élites gauloises. Il s’agit donc selon toute vraisemblance d’une « place-forte » appartenant aux Nerviens ou à une fraction de ceux-ci ; en effet, le monnayage qu’on retrouve à Thuin appartient exclusivement à ce peuple qui devait regrouper plusieurs clans. La découverte en 2021 d’un petit lingot en or, cumulée à d’autres indices, permet même d’avancer l’hypothèse qu’une partie de ces monnaies en or pourraient avoir été frappées à Thuin.
Les archéologues se félicitent que ce mobilier ait échappé de justesse au pillage et considèrent que la totalité du site a maintenant été explorée. Le site du « Bois du Grand Bon Dieu » bénéficie d’un classement : l’usage du détecteur de métaux y est donc interdit, sauf dans le cadre d’un permis de fouille. Grâce aux actions de sensibilisation et à une vigilance accrue des autorités locales, le pillage a aujourd’hui complètement cessé. Au terme du projet, le mobilier archéologique, aujourd’hui propriété de la Ville de Thuin, sera déposé et visible au Musée de Mariemont.
Contact :
Nicolas Paridaens
Archéologue à l’ULB
Centre de Recherches en Archéologie et Patrimoine CP133
Université libre de Bruxelles
50 av. F. Roosevelt, B-1050 Bruxelles
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