Le Centre des métiers du Patrimoine de la Paix-Dieu au chevet des sgraffites de la Maison du Peuple de Pâturages à Colfontaine

Le Centre de la Paix-Dieu (AWaP), reconnu en Wallonie et à l’étranger pour son expertise en matière de stages de perfectionnement aux métiers du Patrimoine, lance une opération estivale inédite : le sauvetage des sgraffites de la Maison du Peuple classée de Colfontaine. Grâce à une mobilisation sans précédent, il s’agit de la concrétisation d’un projet entamé il y a plus de 15 ans visant la conservation des sgraffites de la Maison du Peuple réalisés par l’artiste belge Paul Cauchie (1875-1952), artiste belge de renommée internationale spécialisé dans les sgraffites et l'architecture Art nouveau.

Érigé en 1903 au cœur du village de Pâturages, la Maison du Peuple, classée en 1982 pour sa façade monumentale exceptionnelle, demeure un témoin majestueux de l’histoire de la Société coopérative ouvrière. En 1900 la Société coopérative décide la construction de cette Maison du Peuple équipée d’un café, de bureaux et de salles de réunion. Dix ans plus tard, on lui annexe le Grand Magasin du Peuple, avec ses services d’épicerie, de magasin et d’une mercerie. Aujourd’hui, propriété de la Commune de Colfontaine, la Maison du Peuple héberge le Centre culturel et sa première phase de restauration se concentre sur les précieux sgraffites.

Ces magnifiques enduits décoratifs, ornant la façade depuis plus d’un siècle, ont subi les aléas du temps. Les couleurs se sont estompées et les enduits de mortier de chaux et de pigments se sont fissurés. Il était crucial de préserver ces témoins fragiles illustrant les valeurs de la Coopérative. Le sgraffite principal illustre le thème du Triomphe du travail. Des médaillons et appuis de fenêtre décorés reprennent notamment les noms de la Coopérative « Union, Progrès et Economie », qui a disparu aujourd’hui.

La restauration des sgraffites, commencée fin juin, se poursuivra tout le mois de juillet dans un format unique et original : un chantier-école destiné aux étudiants de 3e bac et 1er Master en Conservation et Restauration d’œuvres d’art de l’Ecole supérieure des Arts de Saint-Luc Liège. Ces jeunes apprenants ont décidé de relever le défi cet été et de mettre à disposition leurs compétences dans cette formation. Encadrés par leur professeur d’atelier et deux formatrices restauratrices désignés par la Direction de la Formation aux métiers du Patrimoine de l’Agence wallonne du Patrimoine, ils consacreront trois semaines de leurs vacances d’été pour préserver ces sgraffites et stopper ainsi leur dégradation.

Ce projet d’ampleur est le résultat d’un long partenariat entre les acteurs locaux et régionaux notamment l’Agence wallonne du Patrimoine. En 2008, lorsque la Maison du Peuple de Pâturages est inscrite sur la liste des biens menacés par le Gouvernement wallon, l’Institut du Patrimoine wallon (aujourd’hui intégré à l’Agence wallonne du Patrimoine) a coordonné le projet en soutien aux propriétaires successifs, la Société coopérative puis la Commune de Colfontaine. La mobilisation a pris diverses formes au fil des ans, notamment par le biais d’un crowdfunding en 2011 par le Centre culturel de Colfontaine pour financer la restauration via la Fondation Roi Baudouin. Un mécénat de compétence est identifié par Prométhéa qui intègre dans le projet le bureau d’architecte UNA GR. Ce bureau consacre son mécénat à assurer le suivi des procédures patrimoniales et d’urbanisme. Les fonds recueillis ont également permis de loger les étudiants à proximité du chantier, à l’Université de Mons.

L’année 2024 marque l’apogée de toutes ces démarches par la restauration des sgraffites de la façade et des maçonneries environnantes. Cet été, les sgraffites de Paul Cauchie pourront à nouveau défier le temps, grâce à la mise en place d’une formation pointue dans les métiers du patrimoine, rendue possible par l’engagement et l’investissement de toutes les parties prenantes autour de ce magnifique témoin de notre patrimoine wallon. Cette expérience unique offre à ces étudiants l’opportunité d’acquérir des compétences spécifiques dans le domaine de la restauration du Patrimoine, d’assurant ainsi la pérennité de ces savoir-faire précieux.

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